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interview Caroline Mangez
L’aristocrate-actrice est tombée amoureuse d’un exilé afghan. Elle se remarie, avec la bénédiction de sa famille.
Paris Match. Alors, heureuse ?
Charlotte de Turckheim. Je n’ai pas l’impression d’avoir 20 ans, mais 15 ! Je ne me reconnais pas. La première et dernière fois que je me suis mariée, c’était avec le père de mes filles, il y a vingt-huit ans. Jeune, le bonheur est un dû : on se marie, on est heureux, c’est normal. Se remarier à mon âge, après que la vie et son cortège de galères professionnelles ou sentimentales, et parfois les deux à la fois, sont passés par là, c’est encore plus joyeux. Parce que l’on connaît le prix de ce bonheur qui revient, on en profite deux fois plus.
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Ce bonheur, vous êtes allée le chercher ?
Oh oui ! Ce n’est pas par hasard que 80 % des gens se marient dans leur rue, comme on dit. Si Zaman est arrivé, c’est parce que j’ai poussé des portes, cherché. Exilé politique, afghan, marié une fois… sur le papier, pas mal de filles que je connais n’y seraient pas allées. C’est rare les gens qui comprennent tout, tout de suite, de la vie. Si je ne m’étais pas remise en question, si je n’avais pas réfléchi à mes échecs et à ma part de responsabilité dans ceux-ci, ce grand bonheur ne serait pas là, je crois.
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Racontez-nous la rencontre.
Cela faisait longtemps que Chékéba Hachemi, écrivaine, présidente et fondatrice de l’association Afghanistan libre, qui milite pour les droits des femmes, me parlait de son frère comme d’un homme formidable. En général, quand une copine te dit ça, c’est qu’elle cherche à caser un type moche ou terriblement ennuyeux. Alors, je n’y prêtais pas attention. Jusqu’au jour où, il y a un peu plus de trois ans, je me suis retrouvée face à Zaman lors d’un déjeuner. Coup de foudre immédiat. Je me souviens m’être précipitée dans la cuisine pour demander à la cantonade : “C’est qui, ce mec canon dans le salon ?” Dans un grand éclat de rire, Chékéba m’a répondu : “C’est mon frère. Je t’avais bien dit qu’il était top !” Lui avait l’air amusé, intrigué. Avant de se déclarer, il est resté un moment dans la position du chat persan. En observation.
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Le premier pas, c’est vous ?
Avant, j’avais peut-être un peu l’habitude d’agir comme ça. Mais, avec lui, j’ai compris qu’il fallait laisser à l’homme sa part de chasseur. Je crois que j’ai rêvé de l’épouser depuis le premier instant. Mais, cette fois, je m’étais dit : “Tu ne dis rien, tu ne précipites rien, tu éprouves l’école de la patience et tu le laisses venir.”
Il y a quelques années, vous affirmiez que le mieux qu’on pouvait souhaiter à une femme, c’était un divorce…
Je continue à penser que la garde alternée, promesse de pouvoir mener un week-end sur deux une vie de jeune fille, est absolument un rêve pour les mères de famille.
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Après avoir exploré toutes les formes d’union, pourquoi replonger ?
D’abord parce qu’il me l’a demandé, le jour de mon anniversaire, le 5 avril dernier. C’était la première fois qu’on me le proposait ainsi, de manière assez solennelle, et j’ai trouvé très touchant le fait de se sentir à ce point choisie. Et puis, je ne sais pas, c’est dingue, irrésistible. Il n’est pas question que je ne sois pas la femme de cet homme-là.
Et les gens qui ne connaissent pas Zaman, comment réagissent-ils quand vous leur annoncez votre mariage avec un Afghan ?
Il y en a qui font physiquement un bond en arrière. D’autres qui y vont de leur : “Mais tu es folle, tu ne vas pas faire ça !” Ce n’est pas arrivé avec des proches, heureusement ; plutôt avec des personnes qui me connaissent d’assez loin. C’est assez désagréable. Tout à coup, tu comprends, en le vivant dans ta chair, ce que c’est que l’amalgame, les idées reçues… Au début, j’essayais de les rassurer : “Vous savez, il mange du saucisson et boit du vin.” Et un jour, j’ai décidé de ne plus me justifier, de les laisser à leur peur. Après tout, avec l’âge et l’expérience que j’ai, si j’épouse un mec comme lui, c’est qu’il est parfait ! Donc, maintenant, quand on me demande si je vais finir sous une burqa, j’éclate de rire en demandant : “Tu as une autre question con ?”
Et votre famille d’aristos, comment vit-elle la nouvelle ?
Les “aristos” se sont révélés très sensibles au côté incroyablement élégant de cette famille afghane et de Zaman. Sur le plan humain, ils ont une classe absolue. Comme les Afghans en général, ils sont extrêmement respectueux des anciens, et cela a évidemment beaucoup touché mes parents, qui n’avaient, de toute façon, pas vraiment d’appréhension.
Retrouvez la suite et la fin de notre entretien avec Charlotte de Turckheim dans notre magazine actuellement en kiosque et dans l‘édition iPad enrichie de Paris Match.